• L'arche, une porte ouverte à l'être. Aujourd'hui s'achève l'exposition de l'atelier d'Henri Moore au musée Rodin. Accueillir et entendre ce que cet artiste nous offre... et l'impossibilité de vous proposer quelques clichés en dehors de celui ci-dessous... Mais qui ne connaît pas cette tête posée au creux d'une main au Forum des Halles...

    Henri Moore aimait s'entourer de coquillages, d'osssements et de ce que nous tend la terre. Les observant, il donnait à ses sculptures des lignes similaires. S'il travaillait sur des esquisses à l'encre ou au fusain, très vite ses essais furent de minuscules platres qui lui permettaient ainsi d'avoir une approche de sa recherche sous de multpiles angles.

    Recevoir cette très grande tendresse dans ces courbes, ces incrustations, en ce regard posé sur les femmes couchées, sur l'accueil de l'enfant, deux êtres qu'il n'aura eu de cesse de représenter, fut un magnifique cadeau pour les yeux..

     

     

    Henri-Moore.JPG

     

     

     


    L'arche, la porte, la tendresse et le passage...

    Le passage vers un silence...

    En dehors des articles programmés, par les mots je vais un peu me taire...

     

     

    Anne Le Sonneur

     

     


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  • Une épopée féminine ou La Tentation d’Eve, de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault

     

    L’obscurité, puis une énorme pomme qui s’avance lentement, poussée par la femme. Eve s’y love, s’en éloigne, la pousse, la rejette, y revient. Une pomme sanguine, une femme d’argile. Puis Eve, première femme, abandonne ce Paradis perdu et s’élance à la rencontre d’autres visages féminins, traversant les siècles.

    De la grande prêtresse à la silhouette enjouée d’un chevalier d’Eon (?), de la guerrière désespérément enfermée dans son armure à la femme moderne qui revient vers la pomme, la dizaine de tableaux que constitue ce spectacle cheminent dans une quête d’identité parfois mystique où l’être se cherche à travers son miroir, dans le murmure d'une voix et le regard d'une marionnette. Etre, dans un jeu de séduction et de vérité, être et tenter d’approcher sa profondeur. La femme s'écrit sous nos yeux, dans la douceur, la douleur, l'enfantement ou le désenchantement. 

    Je suis, multiple, à travers cette histoire collective, qui nous révèle nos peurs et nos chimères, j’avance, je tâtonne, je trébuche, mais je reste L’Eternel Féminin, écrit Marie-Claude Piétragalla. Et tout au long, elle danse, marche, avance, recule, défigurant parfois son corps au point de friser la laideur, le métamorphosant dans une suprême beauté.

    Elle recule, ou presque… Car pour dire ces femmes, pour exprimer cette quête quasi méditative, la chorégraphe et danseuse multiplie les approches de l’expression corporelle, jouant tantôt du théâtre, tantôt du mime, faisant surgir une marionnette, prolongement d’elle-même. Elle rit, elle danse, elle glisse, elle grimace et ne ménage ni son visage ni tout son être. Sa silhouette traverse tous les tons, le tragique, le pathétique, le comique (voire le burlesque), donnant à ces tableaux une énergie et une force infiniment poétique.

    Les différentes disciplines artistiques comme la Danse, le Théâtre, le Cinéma, le Cirque, les Arts Plastiques, la Littérature se nourrissent mutuellement et permettent de puiser des richesses d’expression empreintes de courants sociaux modernes et d’une réalité de vie face aux événements d’un monde en mutation, écrivait-elle dans Piétragala chorégraphe.

    Portée par des textes d’Andrée Chédid, de Marianne Favreau et de Marceline Desbordes Valmore (lus par Daniel Mesguich), elle parvient ici à cette symbiose pour notre plus grand émerveillement.

     

    Anne Le Sonneur

     

     

    La Tentation d’Eve

    Chorégraphie et mise en scène : Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault

    Costumes / masques / marionnettes : Johanna Hilaire

    Réalisation costumes : Sylvie Lefray - lumières : Eric Valentin

    Conseillère littéraire : Jeanne Fayard

    Avec la collaboration de Daniel Mesguich

     

     

     

    Et, comme je ne suis pas la première à avoir rédigé quelques mots sur ce spectacle, je vous propose d'aller lire ceux de Corinne...  http://petitriendecorinne.over-blog.com/article-la-tentation-d-eve-65782898-comments.html#anchorComment

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  • Le froid, le repli...

     L'accueil

    Cette joie des veillées retrouvées

    Sous toutes leurs formes

    Une histoire qui se dit

    Dans l’émergence du pinceau

     

    A "lire" absolument...

     

    link

     

    L’hiver...

    l'émerveillement  du grand partage.

     

    Merci Alice pour cette très belle découverte.

     

    Anne Le Sonneur

     

    PS. Je n'accueillerai aucun commentaire... Je préférerai que vos mots se déposent chez Alice


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  • Au regard d'un poète, Yves Leclair, soudain, mes yeux ont retrouvé l'étoile et je me suis mise en marche...

     

     

    Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.

     

    Après quelques heures, je reviens d’un pays de lumière, de figues et de poussière. J’y ai marché pieds nus, la plante offerte à la terre, les paumes réunies, tournées vers le ciel. Je reviens d’un pays de sable, de sel et de signes… où mon cœur s’est agrandi.

    J’y ai vu la trace et son absence. J’ai épuisé mon regard dans la fleur de l’hibiscus. J’ai suivi mon guide jusqu’aux portes du désert… mon corps s’est désaltéré.

    J’ai entendu, à l’aube, les chants mêlés du merle et du muezzin. Les yeux du berger, sur moi, se sont posés… mon âme s’est émerveillée.

    Un peu plus loin, marchant toujours vers l’éveil solaire, j’ai croisé le peintre, le poète et le sage… dans ces lignes esquissées... mon esprit s’est relevé.

    Mon guide, doucement, a murmuré au creux de mon oreille : il faut avoir cette force de ne rien attendre pour tout accueillir…* j’ai ouvert un peu plus grandes mes mains.

    Puis, sur une place, nous nous sommes arrêtés. A quelques pas de nous, une femme a supplié. Lui s’est agenouillé. De son doigt, quelques lettres se sont dessinées sur le sable. Deux regards se sont croisés... j'ai appris la force des traces infimes. 

    Mes pas, quelques instant, se sont recueillis sur ces petits nuages suspendus au-dessus de l’immense vide*… et j’ai contemplé notre humanité.

    A la dernière halte, sur l’ultime plage, j’ai retrouvée Etty, la petite Etty Hillesum* comme l’a si tendrement nommée mon guide. J’ai enfin osé m’asseoir à côté d’elle, nous avons parlé.

    Je reviens du pays d'un passeur en poésie (je cite ici vos mots, Catheau). Je reviens d’un pays de lumière, de cet Orient intime d’Yves Leclair. Je reviens d’un pays de poésie et d’essence humaine. J'en reviens et ne l’ai pas quitté.

     

    04 et ses pucerons

     Traces rouges de vos signes... empreintes égarées pour nous...

      

    Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.

     

    Je vous souhaite et vous espère voyager au pays de ce grand poète, un homme, une plume, un cœur, un pays qui étincellent les yeux intérieurs. Je vous espère vous abandonner au gré de ses mots, au gré de ces poésies et paysages qu’il nous offre.

    Je remercie intensément, cet auteur, Yves Leclair, pour cet Orient intime, pour cette marche lumineuse que je poursuis. Je vous remercie infiniment Catheau de m’avoir offert ce voyage en mon « Orient », de votre sensibilité et votre désir d'éveil en chacun de nous.

    Anne Le Sonneur

    * Mots, pensées, souffle de L’Orient intime, Yves Leclair, L’Arpenteur, éd. Gallimard 2010

     

    Pour connaître un peu mieux cet homme et ses mots, l’article de Catheau qui m'aura donné de le découvrir :

    http://ex-libris.over-blog.com/article-au-coeur-de-la-transparence-orient-intime-de-yves-leclair-64427193.html

    Pour « l’entendre », accueillir ses mots lors d'un entretien :

    http://www.ecrivains-voyageurs.net/pages/divreportages10.htm

     


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  • Une petite réflexion à propos du dernier roman de Laurent Gaudé paru en poche dans la collection Babel (Actes Sud) : La Porte des Enfers.

     

    Au cœur de l’Italie et des guerres de gangs, un père voit mourir sous ses yeux son enfant dans un attentat aveugle. Perdu dans un profond désespoir, porté par l’amour qu’il lui porte, ce père ira jusqu’à la porte des Enfers pour retrouver son fils.

     

    Voici un étrange livre, non à cause de l’histoire elle-même mais par la sensation de malaise qu’il fait naître chez le lecteur. Et je dois avouer que j’ai lutté pour lire cette histoire jusqu’à sa fin. Bien sûr, je comprends ce qu’a voulu écrire, exprimer Laurent Gaudé, ce message d’espoir malgré tout, malgré cette impression d’une défaite, d’un « trop tard », ce goût amer de ne rien pouvoir recommencer, cet inévitable « faire avec ». Et si le livre s’achève sur les bras tendus d’une mère vers son fils, comme un amour retrouvé, ces bras s’ouvrent aussi sur trois vies ruinées.

     

    Bien sûr le lecteur ressent la colère de la mère, cette colère qui surgit du plus profond de ses entrailles, de ces mêmes entrailles qui accueillirent son fils Il ressent et comprend aussi le duel qui se joue dans le cœur même du père et, finalement, son manque de courage, cette apparente lâcheté qui se révèle receler un très grand amour. Et c’est par ce très grand talent qui le caractérise que Laurent Gaudé nous permet de voir ses personnages évoluer, les voir si bien qu’il nous faut prendre de la distance si nous voulons respirer un peu.

     

    De là naît, je pense, le malaise que le lecteur peut ressentir. Les mots ont bien plus de force que les images car, d’une certaine manière, lisant, nous participons à la réalisation du récit. L’auteur nous donne de créer visuellement ce qu’il écrit. Et les premières pages de ce livre nous plongent dans une vengeance d’une réelle cruauté ! De sorte que le lecteur a l’impression d’être en partie responsable de la violence des images qui surgissent en son esprit, comme si elles naissaient de nous-mêmes, comme si cette violence venait de nous... Je crois qu’écrivant, nous avons la responsabilité des images que nous insinuons dans l’esprit du lecteur. Ecrire est un partage, un accueil de ce lecteur, quel qu’il soit, dans le respect de son humanité.

     

    Quelle est donc cette porte des Enfers qui donnerait à un être de souffrir toute sa vie ? Laurent Gaudé aura-t-il voulu écrire le premier volet d’une Divine comédie plongée dans notre monde qui sait être brutal ? Aura-t-il cherché à s’approcher de certains thrillers qui savent être terriblement noirs ? Aura-t-il tenté d’extraire de lui cette violence du monde qu’il ressent ? Je ne sais pas. Simplement, voilà un écrivain que j’apprécie par la profondeur de l’écriture et le regard qu’il porte sur notre humanité, mais voilà un livre dont je ne conseille à personne la lecture.

     

     

     

    01 Promenade d'automne

     

     

     

     

    Aux portes qui nous enferment en nous-mêmes, dans nos violences et nos rancunes, je leur préfère les chemins qui nous portent vers l'autre et nous ouvrent au pardon. Et j’aimerais achever cette petite réflexion sur les mots d’Etty Hillesum : On voudrait être un baume versé sur tant de plaies (Etty Hillesum, Une vie bouleversée, Point Seuil, avril 1995).

     

       

     

    Anne Le Sonneur. 


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