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    Quelques coups répétés, des petites taches de noir, de blanc et de rouge, fugaces... et le pic épeiche progresse paisiblement le long du chêne dont le feuillage le protège des regards indiscrets.

    Des herbes frôlées, à peine froissées... une grive musicienne, silencieuse, traque des insectes rêveurs.

    Puis une plainte qui se dit, se murmure plutôt, à peine audible, celle d'un oiseau qui reste camouflé...

    Et, comme en écho, le cri rauque du geai.

    Les mésanges batifolent dans les arbres fruitiers, tandis qu'un pigeon roucoule.

    Ici, il faut accepter de ne faire qu'entrapercevoir et tendre infiniment l'oreille ; sentir que l'un s'approche pendant qu'un autre s'éloigne ; puis se laisser bercer par le chant du pinson et, les yeux fermés, l'imaginer.

     

     

    Et dans cette absence de vue, je ne résiste pas à l'envie de poser ici d'autres ailes, beaucoup plus silencieuses et presque moins farouches.

     


     

    A tire-d'aile 1

     

     

     

     

    Anne Le Sonneur

     

     


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  • Donc, le temps de la jachère est révolu. La nature s’éveille et le champ accueille les graines récoltées ici et là, au gré de mes pérégrinations, mélange de regard et de plume, de coups de cœur aussi. Je n’ai pas pris soin de séparer le grain de l’ivraie. Tout pousse et poussera en son temps. Votre regard saura faire de lui-même le tri.

    Je n’ai créé ce blog que dans un grand souffle de vie et de partage, parce que ma respiration n’est que douceur des yeux posés sur l’essentiel, caresse d’une main effleurant la plume qui voudrait au moins murmurer un soupçon de notre existence.

    Je n’ai pas la prétention d’apporter quelque chose de révolutionnaire. Je n’ai pas grandi au cœur de ces tempêtes qui dévastent tout ou renouvellent tout, même si des tempêtes, chacun d’entre nous en a connues. Les miennes furent intérieures, personnelles mais elles ont su sculpter la plume.

    Simplement, j’ose enfin capituler devant la persistance des mots et des images qui m’ont submergée et frappent encore à la porte. Trop longtemps enfermés au fin fond d’un carton, de crainte qu’ils aient un sens, je les laisse aujourd’hui respirer et poursuivre leur chemin car ils réclament à tue-tête de paraître avant que d’être essoufflés.

    Curieusement, ces mots semblent ne pas avoir pris une ride ni avoir été effleurés par un grain de poussière. J’écris cela aisément et sans prétention. Qui s’est frotté à l’écriture sait que les mots nous dépassent, que des phrases, des personnages naissent sous nos yeux et d’autorité s’imposent. J’ai cru souvent manipuler, triturer, bousculer, parfois même torturer les phrases pour qu’elles murmurent ou crient l’essentiel. Et, finalement je me suis laissée mener par elles.

    Aussi, je vous invite, à votre tour, à suivre ces mots, guidés parfois par quelques photographies, récits d’autrefois, poèmes d’aujourd’hui, petites pauses presque réflexives ou méditatives.

     

     

    Fragilité des brins

                    Oser croire que tout peut refleurir, jusque dans la plus humble fragilité. 

     

     

    Anne Le Sonneur


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