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    Parce qu’il est des êtres qui sont comme de petits ilots où l’on peut se reposer, de ces êtres qui savent accueillir et tout donner, être là sans jamais s’imposer. Parce que tu as toujours eu cette force de taire ta souffrance pour nous accueillir, nous aimer. 

     

      Feuilles d'automne

     

     

    Dans cette grande douceur des tons d’automne qui te ressemblent tant.

    Dans cette lumière qui brillait au fond de tes petits yeux.

    Dans cette tendresse des rides et des veines sur tes mains qui dessinaient tes chemins de

    vie.

    Dans ton sourire aussi paisible que l’onde légère sur l’eau.

    Dans ce coeur tendu vers l’enfance.

    Dans tes silences qui m’auront tant parlé.

    Pour toi, cette pensée, toi qui m’auras tellement appris de la tendresse humaine et que je porte en moi aujourd’hui.

     

     

      Anne Le Sonneur


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    Et à contre pied du désert et de sa chaleur...

    L'automne... Voici une saison qui n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur. Elle dit les jours plus courts. Elle est parfois de pluie. Par la nuit croissante, elle nous donne de ruminer, d’avoir le sentiment de ne pas toujours avancer, d’être là uniquement pour ne savoir quoi faire. Elle nous rappelle nos morts, ceux qui nous sont proches et qui ont osé nous quitter. Elle nous annonce la fin de l’année… Elle n’a ni la renaissance du printemps, ni la beauté ensoleillée de l’été, ni la pure blancheur de l’hiver. Elle serait à fuir, se blottissant la tête sous l’oreiller, pour ne se réveiller que dans les joies de la neige et de Noël.

    Et pourtant, si nous osions lui accorder un peu plus d’attention, elle deviendrait toute autre. Car elle est aussi luminescence, multipliant les couleurs, ensoleillant les forêts. Elle donne à la terre de se faire sentir, de laisser échapper, sous un brin de rosée, toutes ses odeurs d’humus, de champignons, tous les parfums qui jusque-là n’avaient pas osé être, comme dans une grande timidité. Elle nous donne de veiller au coin du feu lorsque la nuit vient trop vite et d’oser enfin nous poser un peu. Elle nous rappelle que nous aimons même ceux qui nous ont quittés. Elle peut même nous offrir de retrouver les joies de l’enfance, foulant les feuilles mortes, jouant avec elles, dans leurs couleurs et leurs bruits froissés.

    Par ces mêmes feuilles, elle est porteuse d’espérance. Elle composte tranquillement pour faire naître la vie. Elle a cette très grande bonté de nous donner de ne pas oublier tout en préparant l’avenir. Oui, elle dit autant la vie que le printemps, simplement plus discrètement. Elle dit la vie, comme Théodore Monod, sans aller la chercher dans le désert. Nos déserts n’ont pas de saison…

     

    02 Automne citadin 1

     

     

    L’automne est une invitation à la marche dans une profonde douceur de l’éveil et de l'écoute.

     

    Anne Le Sonneur

     

     

     

     

     


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  • Il est des instants où l’on voudrait pouvoir crier, prier et remercier à la fois.

    L’une revient de l’hôpital guérie ; l’autre y dort encore dans l’incertitude de la vie. Et tous deux n’ont pas six ans !

    Je ne parlerai pas ici de la souffrance, qu’il s’agisse de l’enfant, qu’il s’agisse des parents. Face à la souffrance humaine, il n’est qu’une seule réaction : l’incompréhension ; qu’un seul discours possible : le silence. Et lorsqu’il s’agit d’un enfant, cette incompréhension devient encore plus grande, ce silence encore plus profond.

    Mais il y a une phrase de Laurent Gaudé qui résonne particulièrement en ce moment :

    « Pourquoi est-ce que le cœur de l’homme ne peut accueillir en son sein deux sentiments contradictoires et les laisser vivre ensemble ? » (la joie et la douleur dont parle l'un des personnages)*

    Deux visages s’imposent : une petite fille qui sourit et un petit garçon que tout dépasse et qui espère, malgré tout. Trois regards : celui de la joie, celui de l’attente, parfois baigné de larmes, et celui que nous posons, lorsque nous osons nous approcher.

    Il est une réponse à Laurent Gaudé qui ne plaira peut-être pas forcément à tout le monde parce que mal comprise dans notre éducation, notre civilisation et encore moins dans notre siècle qui nous tourne vers nous-mêmes et notre propre bonheur : l’oubli. Non pas l’oubli de celui qui souffre au profit de celui qui est dans la joie. Non pas le refus de la joie parce qu'un autre souffre mais l’oubli de soi-même ou, plus exactement, l’effacement de soi-même.

    Comment accueillir ces deux sentiments contradictoires ? Peut-être par cette voie-là : s’effacer, essayer de faire taire ses entrailles quand celui qui s’approche est guéri et se réjouir avec lui, même si autre chose se dit en nous. Désirer transmettre cette force que donne la joie reçue à celui qui est malade. Et le faire à chaque fois non pour se protéger de ses propres sentiments mais dans l’accueil de ce que chacun vit. C’est peut-être finalement d’une certaine manière réenfanter ; laisser la vie se dire à celui qui est malade et se réjouir avec celui qui est guéri.

     

      Ciel picard sur le sable 2

     

     

     

     

     

     Parvenir à fondre ces sentiments comme le ciel et le sable se mêlent, dans cette très grande douceur de l'horizon.

     

     

    Anne Le Sonneur

     

     

     

    * Laurent Gaudé, Dans la nuit Mozambique, Actes Sud 2007.


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  • Des hommes et UN dieu !

    Il ne s’agit pas ici de remettre en question le très beau film Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois. Ces quelques mots qui vont suivre osent simplement, humblement s’en approcher. Car ce film témoigne d’un profond respect réciproque de deux cultures, d'une réelle volonté d'un dialogue entre des êtres qui s'apprécient, de ces villageois vivant dans leur foi et accueillant des moines, de ces moines priant dans leur foi et découvrant ces villageois. Ce film fera naître inévitablement des polémiques. Puisse chacun ressentir l'essentiel : l'accueil !

    Quelques mots donc, juste pour que nous n’oubliions pas que les musulmans et les chrétiens croient en un même Dieu. Ils se réfèrent aux mêmes textes : ils se réfèrent aux mêmes personnes (celles issues de l’Ancien Testament – de la Torah, je pense à la figure de Job par exemple – comme celles  issues du Nouveau Testament, je veux parler de Jésus et Marie notamment). Chacun porte un regard différent sur une même vérité.

    Et là, nous nous rendons peut-être compte qu’il est plus facile de dialoguer avec quelqu’un qui croit en un dieu tout à fait différent, voire en plusieurs dieux (je pense, entre autre, au bouddhisme) qu’avec ceux qui croient en un même dieu de façon différente. Pourquoi ? Parce que cela rassure de penser que l’autre se trompe en adhérant à un polythéisme ? Parce qu’il appartient à une culture fort éloignée de la nôtre ? Nous respectons sa sagesse, nous puisons même dans cette sagesse pour ce qu’elle peut nous apporter, dans cette méditation différente (celle du zen comme celle du bouddhisme) qui peut enrichir notre propre méditation. Mais lorsqu’il s’agit d’une des trois religions monothéistes, nous refusons ce que les autres affirment, qu’elles puissent avoir raison. Finalement, il est plus facile de s’approcher de ce qui est lointain que de ce qui est tout près ! Ne viens pas trop vers moi, toi qui m’es un frère, tu risquerais d’ébranler mes certitudes !

    Et si nous osions penser qu’aucun ne se trompe ! Et si nous osions imaginer que nous sommes tous portés par la même foi ! Oser admettre que « l’Esprit souffle où il veut » et que nous ne possédons pas l’unique vérité. La vérité, d’ailleurs, se laisse-t-elle seulement posséder ?

    Je crois en toi qui t’approche et qui crois d’une manière différente. Je prie pour toi, non pour que tu grandisses sur mon chemin de vérité mais que tu vives librement dans ta foi.

     

     

     

     

    07 D'arche en arche

     

     

     

       J'ai rêvé que les temples perdaient leur toit, que les portes s'ouvraient  et que le coeur de l'homme pouvait enfin se dire, librement, dans cette foi sans lieu sinon l'être lui-même. Et j'ai osé rêver que cela pouvait se dire au quotidien.

     

    Anne Le Sonneur


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  • J’aime laisser mon esprit errer au gré de ce qu’il voit, entend ou lit. Et c’est ainsi qu’il s’en est allé marcher aux côtés des pèlerins d’Emmaüs (Luc 24, 13-16). Oh, il ne s’est pas engagé sur les sentiers de la théologie ni d’autres tout aussi épineux. Il s’est juste contenté de réfléchir (refléter ?) un peu. Il ne sera donc pas question ici du sens des apparitions, de l’« aveuglement » de deux disciples mais plus simplement de marche, de rencontre et de regard.

     

    Ainsi Jésus en personne s’approcha, et il faisait route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître (La Bible de Jérusalem, éditions Desclée de Brouwer).

     

    Pourquoi les pèlerins, présentés comme ses disciples, donc relativement proches de lui, n’ont-ils pas reconnu Jésus ? Peut-être parce qu’il avançait avec eux, à leur côté. Ainsi, marchent-ils au même rythme, comme sur une même ligne, chacun ne pouvant apercevoir de l’autre que son profil. Pour pouvoir se voir, se regarder droit dans les yeux, il faut aller vers et non pas avec l’autre, aller à sa rencontre et oser l’aventure de la découverte. Il faut oser s’approcher un peu plus, accueillir et être accueilli, car nous découvrons véritablement son visage et lui-même nous renvoie notre image.

     

    De même, lorsque nous sommes deux à partager un repas, nous nous asseyons généralement face à face, rarement côte à côte, parce que le partage se réalise aussi dans le regard. Le profil n’offre qu’une partie de nous-mêmes, tandis que par la vue de face nous nous dévoilons plus pleinement.

     

    Tout cheminement commun ne devrait-il pas commencer par une rencontre, par l’accueil de ce face à face ? Et peut-être pas uniquement « commencer » mais savoir aussi retrouver des moments de rencontres, d’un "aller vers l’autre" comme dans un renouveau, pour ne pas perdre de vue le vrai visage de l’autre.

     

      

     

    Un sentier de pierre et de mer

     

     

                               Mille et un chemins nous sont proposés pour oser aller vers l'autre. 

     

     

     

    A ce propos, il est un livre très intéressant sur le regard : Histoire du visage, de Jean-Jacques Courtine et Claudine Haroche, Petite Bibliothèque Payot.

     

     

    Anne Le Sonneur


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